La rencontre une condition du soin psychique
« quand une rencontre a lieu, le monde change » Pierre Naveau. Un monde
sans autre, petit ou grand, est-il possible ?
Cette question traverse aujourd’hui le champ de la santé, à l’heure où se
généralisent les applications de programmes d’auto-guidance et les proto-
coles standardisés.
Tout y pousse, mais ça résiste.
La relation humaine reste un bien précieux et c’est l’objet de la psychiatrie
humaniste, psychiatrie à visage humain, qui reste « à portée de voix » ( An-
toine Viader ) de l’autre souffrant.
Le mouvement de psychothérapie institutionnelle s’inscrit dans cette orien-
tation thérapeutique et fait une place essentielle à la rencontre dans le
dispositif de soin qu’elle propose.
Le dictionnaire définit la rencontre comme « le fait de se trouver fortuite-
ment en présence de quelqu’un ».
À l’image de Jean Oury qui préconisait la programmation du hasard, la psy-
chothérapie institutionnelle favorise toutes les occurrences de rencontre
car c’est là, dans cet espace du dire, que le changement peut advenir.
Guidé par la réflexion psychopathologique, soutenu par le collectif, le por-
teur de la fonction soignante, nécessairement engagé, peut aller vers
l’autre en confiance, ouvert à la surprise, à l’étonnement, à l’inédit de la
rencontre.
La relation établie, devenue transfert par le désir du thérapeute, le travail
psychothérapique s’installe, l’aventure commence.
Aventure ! car la question du transfert et des modalités de psychothérapie
en institution reste un chantier difficile mais Kierkegaard nous le rappelle
« ce n’est pas le chemin qui est difficile, mais le difficile qui est le chemin »
À une période où le travail derrière l’ordinateur est en expansion continue,
il est grand temps de rappeler l’importance de la clinique, du temps passé
avec les patients.
Importance donc de multiplier les rencontres, lieu du possible change-
ment.
Que les rencontres faites durant ces journées nous aident à tenir debout
face aux vents contraires.