Cher Canard,
C’est un peu dommage que vous ayez jugé bon de « surfer sur la vague » de la condamnation unanime et légitime de Mr G. Matzneff en reprenant à votre compte ce vieux procès fait et refait à Dolto au sujet de certaines des phrases tirées d’une de ses interviews et qu’on retrouve dans « L’enfant, le juge et le psychanalyste », ouvrage paru en 1999 et qu’elle n’avait pas relu. (Elle était morte depuis 11 ans !). Regroupées, tronquées et extraites de la sorte de leur contexte, les réponses qu’elle donne à certaines des questions posées peuvent sans doute prêter à confusion pour qui ignore qu’elles portent sur certains des processus psychiques et sur des désirs inconscients à l’œuvre chez l’enfant. Laisser entendre que pour elle l’enfant est responsable de cette libido (dont elle a su parler et dont elle a permit qu’elle soit reconnue et respectée) relève d’un grave contre sens dont les conséquences peuvent être dramatiques.
Vous rappelez d’ailleurs à juste titre qu’en 1977 Dolto avait condamné avec la plus grande fermeté l’initiation sexuelle des enfants et des adolescents par les adultes et les traumatismes que ces actes entrainaient.
Qui connait son œuvre, ne serait-ce que superficiellement, sait ce que Dolto a pu apporter aux enfants d’hier et …d’aujourd’hui et combien étaient loin de ses pensées ce dont certains l’accusent ici.
Notons à propos de ces accusations injustes et perfides qu’elle comme d’autres psychanalystes sont actuellement l’objet que celles-ci posent des questions à notre société sur lesquelles je voudrais attirer votre attention et qui devraient intéresser vos lecteurs préoccupés par l’avenir de notre démocratie : de quoi la position du parti des REM à propos de l’interdiction faite aux psychanalystes d’exercer, aussi bien en tant que soignant dans les hôpitaux, comme expert dans tribunaux et comme enseignant dans les universités, que certains d’entre eux réclament à corps et à cris, est-elle la préfiguration ?
De quoi ces « Berufsverboten » (interdiction d’exercer une profession) de sinistre mémoire, que ceux-ci appellent de leurs vœux sont-elles le nom et que nous annoncent-elles en matière de « normalisation » des champs de l’enseignement, de la recherche, du droit et de la santé ?
Et puis, comment interpréter le refus du président du Groupe parlementaire des REM de désavouer les propos de la députée de la 4e circonscription de Strasbourg, Mme Wonner, qui signe des pétitions pleine de violence exigeant ces exclusions et qui les justifie en se réclamant indument de la science là où il n’y a que scientisme, racontars et malveillance ?
Voilà les questions auxquelles je vous suggère, Cher Canard, de vous intéresser à présent, ne serait-ce que pour ne pas être soupçonné de hurler avec les loups de la pensée unique et de la haine de l’autre qui ne détestent rien autant que ce que représente la psychanalyse.
C’est en tous cas dans cette perspective que je vous fais suivre, Cher Canard, en pièce jointe de la présente, les courriers que nous avons fait parvenir à Mr G. Le Gendre et restés à ce jour sans réponse.
Je me tiens, bien évidement à votre disposition pour d’autres informations et vous adresse mes biens sincères salutations,
Claude SCHAUDER
Président de l’Association Lire Dolto aujourd’hui
Les courriers en pièce jointe
A Monsieur Gilles Le Gendre, Président du Groupe parlementaire LREM
Le 12.12.2019
Monsieur le Président,
Nous portons à votre attention notre étonnement quant à l’engagement d’une députée LREM en faveur d’un groupe de pression réclamant que soient exclus des tribunaux, des hôpitaux et des universités la totalité des psychiatres et des psychologues se référant à la psychanalyse.
Nous avons en effet été stupéfaits de constater que Mme Martine Wonner , député de la 4e circonscription du Bas Rhin, membre de la Commission des affaires sociales, a apporté son soutien à une tribune stigmatisant des citoyens, professionnels du soin, enseignants, chercheurs, tous acteurs engagés de la vie sociale; une pétition loin de ce que les citoyens doivent pouvoir attendre de leurs représentants chargés de faire évoluer et de moderniser dans la sérénité les lois qui régissent leur pays. (cf : https://www.justicesanspsychanalyse.com)
Soucieux de voir garantie la qualité des débats qui présideront à l’amélioration du fonctionnement de nos tribunaux, de nos hôpitaux et de nos universités, nous nous tournons vers vous pour vous demander de nous rassurer quant aux options que retiendra à l’avenir le groupe parlementaire que vous présidez et vous prier instamment de veiller à en écarter tous les porteurs de discours de haine et d’exclusion, comme les colporteurs de ragots et de discours archaïques d’un temps qu’on pouvait croire révolu .
Nous souhaitons d’autant plus vous entendre prendre clairement parti pour l’échange intelligent, serein, objectivement et scientifiquement documenté et démocratiquement mené, que, manquant à ce même devoir, le Ministre de l’éducation nationale a installé un Conseil scientifique de l’ Education nationale duquel les représentants de plusieurs spécialités (dont les sciences humaines non numériques) ont été exclus sans explication ni justification scientifique.
Votre groupe parlementaire ne devrait-il pas s’inscrire dans une démarche plus démocratique que ne le sont ce genre d’initiatives si peu respectueuses des intérêts sanitaires nationaux ? Ne conviendrait-il pas d’en informer nos concitoyens ? Madame Martine Wonner peut-elle légitimement conserver ses fonctions de Vice-Présidente des Groupes d’Études de la « Lutte contre les addictions » et de la « Pauvreté, précarité et sans-abri » – tous deux fléaux relevant d’approches soignantes multiples – alors qu’elle se montre aujourd’hui publiquement juge et partie ?
C’est dans l’attente de vos réponses que nous nous engageons dès à présent à transmettre celles-ci aux membres des associations que nous représentons, comme aux 32 000 citoyens qui ont signé en un mois la pétition s’indignant de celle que Mme Wonner a soutenue et dont voici le lien : http://chng.it/VsrmkfJjjX
Recevez, Monsieur le Président, nos parfaites considérations,
Alain Abelhauser, professeur des Universités (psychopathologie clinique), président du Séminaire Inter-Universitaire Européen d’Enseignement et de Recherche en Psychopathologie et Psychanalyse (SIUEERPP), psychanalyste
Michèle Benhaim, professeur des Universités, psychanalyste
Pascal BOISSEL, psychiatre, psychanalyste, président de l’Union syndicale de la psychiatrie
Hervé Bokobza, psychiatre, membre fondateur du Collectif des 39
Sébastien FRIPI, psychologue clinicien, doctorant en psychanalyse et psychopathologie clinique, formateur en travail social, membre de l’Appel des Appels
Roland Gori, professeur honoraire de psychopathologie des Université, psychanalyste, président de l’Appel des appels
Danielle Lévy, pédopsychiatre, psychanalyste, membre du Collectif des 39
Paul Machto, psychiatre honoraire des Hôpitaux, psychanalyste, membre fondateur du Collectif des 39
Céline MASSON, professeur des Universités, psychanalyste, présidente de l’Association Française de Recherche sur les Processus de Création
Marie-Jean Sauret, professeur émérite des Universités, psychanalyste
Claude Schauder, anc professeur assoc. des Universités, psychanalyste membre de l’Appel des Appels, Président de l’Association Lire Dolto aujourd’hui
A Monsieur Gilles Le Gendre, Président du Groupe parlementaire LREM
Seconde interpellation G. Legendre Le 06.01.2020
Monsieur le Président,
Vous n’avez pas pu ou voulu répondre au message que nous vous avons adressé le 12.12.2019.
Celui-ci souhaitait attirer votre attention sur l’engagement d’une députée LREM en faveur d’un groupe de pression réclamant que soient exclus des tribunaux, des hôpitaux et des universités la totalité des psychiatres et des psychologues se référant à la psychanalyse.
Nous avions en effet été stupéfaits de constater que Mme Martine Wonner , député de la 4e circonscription du Bas Rhin, membre de la Commission des affaires sociales, avait apporté son soutien à une tribune stigmatisant des citoyens, professionnels du soin, enseignants, chercheurs, tous acteurs engagés de la vie sociale; loin de ce que les citoyens doivent pouvoir attendre de leurs représentants chargés de faire évoluer et de moderniser dans la sérénité les lois qui régissent leur pays. (cf : https://www.justicesanspsychanalyse.com)
Soucieux de voir garantie la qualité des débats qui présideront à l’amélioration du fonctionnement de nos tribunaux, de nos hôpitaux et de nos universités, nous nous tournions vers vous pour vous demander de nous rassurer quant aux options que retiendra à l’avenir le groupe parlementaire que vous présidez et vous prier instamment de veiller à en écarter tous les porteurs de discours de haine et d’exclusion, comme les colporteurs de ragots et de discours archaïques d’un temps qu’on pouvait croire révolu .
Nous souhaitions d’autant plus vous entendre prendre clairement parti pour l’échange intelligent, serein, objectivement et scientifiquement documenté et démocratiquement mené, que, manquant à ce même devoir, le Ministre de l’éducation nationale a installé un Conseil scientifique de l’ Education nationale duquel les représentants de plusieurs spécialités (dont les sciences humaines non numériques) ont été exclus sans explication ni justification scientifique.
Dans ce même message nous vous demandions si votre groupe parlementaire ne devrait pas s’inscrire dans une démarche plus démocratique que ne le sont ce genre d’initiatives si peu respectueuses des intérêts sanitaires nationaux , s’il ne conviendrait pas d’en informer nos concitoyens , si Madame Martine Wonner pouvait légitimement conserver ses fonctions de Vice-Présidente des Groupes d’Études de la « Lutte contre les addictions » et de la « Pauvreté, précarité et sans-abri » – tous deux fléaux relevant d’approches soignantes multiples – alors qu’elle se montre aujourd’hui publiquement juge et partie ?
Depuis la situation a quelque peu évolué : les signataires de la pétition qui s’indignait de celle que Mme Wonner avait soutenue (http://chng.it/VsrmkfJjjX) sont désormais plus de 35000 et , parmi d’autres[1], le Professeur Patris , à qui Mme Wonner doit son titre de psychiatre lui a adressé une lettre ouverte[2] qui dénonce la haine, la stupidité et l’idéologie qui semble la gouverner . Celui-ci lui rappelle en effet quelques vérités historiques et leurs conséquences dramatiques dont l’élue de la République soucieuse du bien être de ses concitoyens qu’elle prétend être, devrait se souvenir. Il lui rappelle aussi quelques principes fondamentaux relatifs aux préjugés, aux anathèmes et autres condamnations que l’esprit scientifique dont elle se réclame devrait respecter.
Du ton violent et autoritaire comme de la haine que recèlent les propos de Mme Wonner, nous ne souhaitons pas davantage polémiquer ici mais savoir ce que votre silence doit nous laisser penser de la position que le Groupe Parlementaire des REM, et plus particulièrement son Président, entend adopter à leur sujet.
Devons nous nous en tenir à l’hypothèse que votre silence n’est que le signe du peu de temps que vous laissent les troubles sociaux que la politique que vous soutenez provoque dans notre pays et que vous ne manquerez pas de vous en excuser quand vous n’aurez rien de mieux à faire ?
Préférerez-vous que nous en tirions la conclusion que votre silence témoigne seulement de votre mépris et du manque de considération que vous accordez à ceux qui s’adressent à vous et auxquels vous vous montrez comme si souvent , totalement sourd ?
Ou choisirez vous de nous faire courageusement savoir qu’il cautionne, (car qui ne dit mot consent) les propos et les options de Mme Wonner et que c’est à ses options que les acteurs de la santé mentale, de la justice et de l’université de notre pays doivent s’attendre à l’avenir de la part des élus REM ?
A défaut de pouvoir en décider, nous retiendrons toutes ses hypothèses et en feront part à nos associations professionnelles, syndicats, sociétés scientifiques, universités , amis et collègues,
Recevez, Monsieur le Président, avec nos salutations, nos parfaites considérations,
Alain Abelhauser, professeur des Universités (psychopathologie clinique), président du Séminaire Inter-Universitaire Européen d’Enseignement et de Recherche en Psychopathologie et Psychanalyse (SIUEERPP), psychanalyste
Michèle Benhaim, professeur des Universités, psychanalyste
Pascal BOISSEL, psychiatre, psychanalyste, président de l’Union syndicale de la psychiatrie
Hervé Bokobza, psychiatre, membre
fondateur du Collectif des 39
Sébastien FRIPI, psychologue clinicien, doctorant en psychanalyse et psychopathologie clinique, formateur en travail social, membre de l’Appel des Appels
Roland Gori, professeur honoraire de psychopathologie des Universités, psychanalyste, Membre d’Espace analytique, président de l’Appel des appels.
Danielle Lévy, pédopsychiatre, psychanalyste, membre du Collectif des 39
Paul Machto, psychiatre honoraire des Hôpitaux, psychanalyste, membre fondateur du Collectif des 39
Céline MASSON, professeur des Universités, psychanalyste, présidente de l’Association Française de Recherche sur les Processus de Création
Marie-Jean Sauret, professeur émérite des Universités, psychanalyste
Claude Schauder,
anc professeur assoc. des Universités, psychologue clinicien,
psychanalyste, membre de l’Appel des Appels, Président de l’Association
Lire Dolto aujourd’hui
Lettre ouverte Pr M. PATRIS 20.12.2019
Lettre ouverte à Madame Martine Wonner
Députée de la 4ème circonscription du Bas Rhin
Madame la Députée
Permettez moi de me rappeler à votre bon souvenir. Il y a quelques années, alors que j’étais encore en exercice à la Faculté de Médecine de Strasbourg, nous avons entretenu des rapports cordiaux et constructifs. Je n’ai pas oublié , entre autre, que vous avez soutenu la démarche du CAMUS (Centre d’Accueil Médico Psychologique Universitaire de Strasbourg) que j’avais mis en place sur notre campus en 1994. Vous ne pouviez ignorer que ce centre avait une vocation psychothérapique et que ses consultants d’alors avaient, comme moi, une formation et une pratique se référant à la psychanalyse. Je me souviens aussi d’échanges sur la rareté des cliniques psychiatriques privées en Alsace et ce que pourrait être une clinique idéale animée par un “esprit psychothérapique”. Dernier rappel: convaincu de vos meilleures intentions vis à vis d’une psychiatrie “œcuménique”, j’ai soutenu votre candidature auprès de la Commission Nationale de Qualification en Psychiatrie, dont j’assurais la présidence, et qui vous a accordé cette spécialité en 2006.
Quels n’ont pas été mon incrédulité première puis mon “ravissement” en découvrant que vous étiez signataire du plus médiocre pamphlet anti psychanalytique que j’ai pu lire au cours de ma carrière. Sur un ton violent et autoritaire cette pétition égraine les préjugés, les insultes, les condamnations haineuses dont les psychanalystes sont la cible depuis plus d’un siècle. Je pense inutile d’entamer avec vous une controverse , d’autres s’y sont déjà attelé. A défaut de polémique, vous aurez droit à un petit cour d’histoire de la psychiatrie.
Aux diffamations pures et simples, il n’y a pas à répondre. Freud s’en est bien gardé. A titre d’exemple, quand le professeur Alfred HOCHE (un des nombreux universitaires allemands militant dès le début du siècle dernier pour l’euthanasie des malades mentaux “incurables”) déclara le 28 mai 1910 au Congrès des aliénistes du sud ouest allemand tenu à Baden- Baden “ C’est une vraie épidémie psychique, ils (les psychanalystes) sont tous mûrs pour l’asile” , JUNG et FREUD en plaisantaient.
La suite ne prête pas à sourire. Comme vous le savez , toutes les dictatures ont persécuté les psychanalystes. Contraints à l’exil, déportés, exécutés aussi (John RITTMEISTER a été fusillé par les nazis le 13 mai 1943). Les psychanalystes exerçaient dans la clandestinité sous le régime soviétique (j’en ai rencontré plusieurs lors d’un congrès à Moscou en 1989, les langues commençaient à se délier).
La dictature militaire qui a sévi en Argentine entre 1976 et 1983 n’a pas démérité (je vous recommande “Le psychanalyste sous la terreur” ed. Matrice 1988)
Les américains, très “libéraux”, sont parvenus à marginaliser les psychanalystes non médecins par le jeu des compagnies d’assurance, dont les grandes firmes pharmaceutique sont actionnaires.
Tous ces faits passés et présents démontrent que quand les pouvoirs, politiques et financiers mêlés, s’attaquent à la psychanalyse, c’est un mauvais signe pour la démocratie.
Ne vous en déplaise, la psychanalyse est vivante. A Strasbourg la Clinique Psychiatrique Universitaire a su jusqu’à ce jour respecter la pluralité des “grands courants de pensée” de notre discipline. Les doyens de la Faculté de Médecine de Strasbourg ont durant mon exercice non seulement toléré mais pour certains soutenu et encouragé les enseignements se référant à la psychanalyse. La volonté affichée de chasser les analystes de l’Université fait injure à l’Université. Elle me fait honte pour ceux qui profèrent la haine avec une rage qui suffit seule à prouver que la psychanalyse touche au plus juste de notre condition…au risque de devenir insupportable.
Dieu merci, tous les élus ne partagent pas votre anathème !
Votre position d’élue du peuple français, vos liens avec l’Alsace et de ce fait avec notre Université auraient pu vous inspirer un minimum de retenue, quelques soient vos opinions personnelles sur la psychanalyse. Vous ayant connue plus clémente et nuancée, je m’interroge sur votre ingratitude présente. Loin d’en faire une atteinte personnelle, je ne puis m’empêcher de repenser à ce que me disait un jour Lucien ISRAEL “Si vous rendez service à quelqu’un, il est possible qu’il ne vous le pardonne jamais”
Recevez, Madame la députée, mes très respectueuses salutations
————————————————————————————————
Une députée LREM, membre d’une commission parlementaire sur la psychiatrie, s’adresse à l’USP
13 décembre 2019 18:04
De : Martine Wonner
Objet : Psychanalyse et santé mentale : pour le respect de la santé publique et l’accès aux soins pour tous !
Bonjour,
J’ai appris ce jour la demande formulée au Président du groupe parlementaire auquel j’appartiens à l’Assemblée nationale, remettant en question les fonctions que j’occupe au sein de groupes d’études parlementaires, au motif que mon opinion exprimée sur la psychanalyse stigmatiserait « des citoyens, professionnels du soin, enseignants, chercheurs, tous acteurs engagés de la vie sociale ».
J’ai toujours, tout au long de ma vie et de surcroît depuis mon élection à l’Assemblée nationale, eu le plus grand respect pour tous les professionnels de santé qui chaque jour, sur tout le territoire, rendent le plus beau des services : celui de soigner.
Psychiatre de profession, je suis fermement engagée pour la déstigmatisation des troubles psychiques, le respect du libre choix des patients et de leurs droits fondamentaux ; les deux missions parlementaires que j’ai menées en 2019 ont plaidé en ce sens.
Comme médecin mais comme Députée avant tout, ma responsabilité est d’assurer que le code de la santé publique et les recommandations de la Haute Autorité de Santé – aussi perfectibles qu’elles soient – s’appliquent de la même manière partout sur le territoire national. J’ai acquis l’intime conviction que les inégalités territoriales de prise en charge en santé mentale représentent, pour nos concitoyennes et concitoyens une véritable perte de chance que sous aucun prétexte je ne pourrais tolérer.
L’école de pensée psychanalytique, comme tous les courants de pensée, ne saurait être exempte de questionnements visant à améliorer la prise en charge des patients. Je reprends à mon compte la phrase tirée de la pétition que j’ai signée à ce sujet : « le refus de nombre de psychanalystes de poser un diagnostic, l’ignorance volontaire des symptômes, la chosification et la maltraitance des patients et leur famille au nom de dogmes psychosexuels freudo-lacaniens obsolètes sont monnaie courante aujourd’hui. Le traitement de ces personnes comme des patients de ‘seconde zone’ n’est plus tolérable en France. »
Ma méthode a toujours été, et sera toujours celle du dialogue. Durant mes deux missions parlementaires, de janvier à septembre 2019, j’ai reçu tous les syndicats, personnels soignants, de toutes les écoles de pensées de la santé mentale. Sous aucun prétexte je ne cèderai aux multiples pressions venues de toutes parts que je subis depuis la publication de mes rapports, symptômes de la difficulté de ces champs de la médecine à entrer dans le XXIème siècle. Les délais de prise en charge avoisinant plusieurs mois ne sont pas acceptables et l’activité uniquement programmée ne peut garantir une réponse aux besoins des patients. Évaluer les pratiques des spécialistes, quel que soit le champ de la médecine, et donc les psychiatres et autres psychanalystes est une impérieuse nécessité pour une meilleure qualité des soins.
A l’occasion du processus législatif qui s’ouvrira en janvier, ma porte sera toujours ouverte à celles et ceux qui sont prêts au dialogue, loin des dogmatismes et luttes stériles.
Martine WONNER
> Députée du Bas-Rhin
_____________________________________________________________
> L’USP répond à Madame Wonner qui demande l’interdiction de la psychanalyse
06.01.2019
Madame la Députée,
Je réponds à votre courrier daté du 13 décembre qui était adressé au secrétariat de notre syndicat avec pour objet « Psychanalyse et santé mentale : pour le respect de la santé publique et l’accès aux soins pour tous ! ». Vous y répondiez au courrier – que vous ne citez pas – qui fut adressé au président de votre groupe parlementaire par un groupe de onze personnes [1], dont moi-même.
Ce groupe s’est constitué à la suite du succès de la pétition : http://chng.it/VsrmkfJjjX qui a rassemblé plus de 32 000 signataires. Nous avons écrit au président de votre groupe parlementaire : « (…)notre étonnement quant à l’engagement d’une députée LREM en faveur d’un groupe de pression réclamant que soient exclus des tribunaux, des hôpitaux et des universités la totalité des psychiatres et des psychologues se référant à la psychanalyse. [2] »
Nous avons, bien sûr, communiqué votre courrier aux autres rédacteurs de cette lettre, aux universitaires du SIUEERPP et à nos amis du Collectif des 39 en particulier. Une réponse collective ne va pas manquer d’être écrite et publiée bientôt.
Dans la pétition que vous vous flattez d’avoir signée en tant que députée, il est [https://www.justicesanspsychanalyse.com)/]écrit : « Le refus de nombre de psychanalystes de poser un diagnostic, l’ignorance volontaire des symptômes, la chosification et la maltraitance des patients et leur famille au nom de dogmes psychosexuels freudo-lacaniens obsolètes sont monnaie courante aujourd’hui. Le traitement de ces personnes comme des patients de « seconde zone » n’est plus tolérable en France. ».
En tant que députée, ayant un diplôme de psychiatre, vous accusez ainsi « nombre de psychanalystes » d’être maltraitants, vous emboîtez le pas de Sophie Robert, cinéaste, qui mène une campagne au long cours pour interdire la psychanalyse, dans les tribunaux, dans les universités, dans les lieux de soin ; bref, partout. Vous l’approuvez, vous signez son appel. Puisque vous vous prononcez pour une véritable interdiction professionnelle, au-delà des obscurs co-signataires de la pétition de madame Robert, il est urgent pour nous de vous dire qu’au nom de « l’évaluation », vous êtes l’ennemie des valeurs que nous défendons, psychanalystes ou pas.
Par ailleurs, pourrions-nous savoir, chère consœur, quelles expériences de votre ancien métier de psychiatre vous ont amenée à une telle prise de position ? Au-delà du parti pris idéologique des forcené.e.s de l’évaluation qui agissent dans les télécommunications comme dans la santé, il est possible que vous ayez des arguments à nous apporter.
Vous dites ensuite dans votre courrier que vous avez reçu « tous les syndicats, personnels soignants, de toutes les écoles de pensées de la santé mentale ». L’USP a été en effet reçue, avec les autres syndicats de psychiatres, mais c’était par une commission parlementaire à laquelle participait notamment Caroline Fiat et non par vous seule. Nous avons été reçus par cette commission parlementaire et à la lecture de votre travail nous avons su que nous n’avions pas été entendus.
A ce propos, nous avons publié deux communiqués :
> Un le 19 septembre [3] « (…)Ce
rapport cite Bonnafé et salue le Printemps de la psychiatrie. Fort bien, mais
le Printemps de la psychiatrie désigne ses adversaires : les capitalistes
de l’hospitalisation privée, ceux de l’industrie pharmaceutique, les idéologues
de la fondation FondaMental, et leurs amis, alliés, et mercenaires. C’est pour
cela que nous sommes présents dans ce mouvement aux côtés de beaucoup d’autres.
Et nous ne ferons pas de consensus avec ces adversaires : mille
conférences et rapports n’y changeraient rien.
> (…)Dans le résumé de ce rapport, nous lisons : « la
psychiatrie de secteur a pu freiner le développement d’une expertise plus
spécialisée indispensable pour certains patients ». La formule vient
annuler l’hommage classique à Bonnafé : la sectorisation aurait empêché le
développement d’une pensée acérée. Mensonge et manipulation.(…) »
> Le 30 septembre nous diffusions un second communiqué [4] : « (…)
L’USP ne peut cautionner l’imposture qui consiste à mettre en exergue des
déclarations parlementaires les « droits des patients » alors que
ceux-ci sont régulièrement bafoués par les restrictions d’accès aux soins de
proximité, les obligations de soins « à durée indéterminée » et les
« mesures exceptionnelles » qui deviennent la règle, par facilité et
surtout par manque de moyens humains et de formations adaptées pour les
soignants (Hospitalisations sur le mode du péril imminent, mesures d’isolement,
de contention etc.(…) »
Écouter et ne pas tenir compte de ce que dit l’interlocuteur ou l’interlocutrice est une façon de faire qui est commune aux ministres du gouvernement, imitant le président Macron que vous soutenez. De nos rencontres, nous avons retenu que vous partagiez cette « méthode ». Vous dites que « votre porte reste ouverte à ceux qui sont ouverts au dialogue » ; sachez que nous rencontrerons très volontiers des parlementaires avec lesquels un échange fructueux serait possible, ainsi que nous l’avons déjà fait dans le passé. Nous ne sollicitons donc pas d’entrevue auprès de vous. De même, la Coordination inter urgences ne sollicite plus d’entrevue auprès de madame Buzyn et demande à rencontrer le Premier ministre.
Au-delà de toutes les critiques ci-dessus que nous avons opposées à ce rapport parlementaire auquel vous avez contribué, nous notons qu’il n’y a pas dans celui-ci d’attaque contre les psychanalystes telle que celle que vous vous félicitez d’avoir contre-signée. Nous constatons ainsi votre démarche en deux temps : dans un rapport parlementaire se référer à Bonnafé et au pluralisme des références théoriques et pratiques, puis quelques semaines plus tard demander l’interdiction de la psychanalyse dans une pétition. Est-ce vraiment une manœuvre habile ?
Cordialement,
Pour l’USP,
> Pascal Boissel
P.-S.
Notes
[1] https://www.uspsy.fr/Madame-Wonner-deputee-de-LREM-et.html
[2] https://www.justicesanspsychanalyse.com)
[3] https://www.uspsy.fr/Qui-est-responsable-de-la.html
[4] https://www.uspsy.fr/Selon-les-parlementaires-la.html
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