Poésie et réel : La poésie une margelle du reél ? Présentation du colloque des 22 et 23 novembre 2003

« Le silence serait-il nécessaire à la vérité? Il arrive que le silence en nous et la vérité existent l’un sans l’autre,
ou l’un par le refus de l’autre. Mais le silence est l’étui de la vérité. Il est là »

René Char

Argument

Si  » Le Réel  » est ce qui est impossible à dire, quelles sont les positions du poète, du psychanalyste, et en somme, du sujet humain, face à cet impossible ?

Le  » Réel  » n’est pas la réalité, même si ses manifestations ont parfois la saveur d’un  » trop de réalité « . Il n’est pas à entendre comme un tout : chaque sujet est concerné par des  » bouts de réel « . Ainsi, Lacan parle-t-il du  » Réel de la jouissance  » et  » de l’extase mystique « , du  » Réel du corps « …

Le  » Réel est toujours ce que nous n’attendions pas  » écrit H. Maldiney. Il participe de l’effroyable du traumatisme, de la déstructuration psychotique ou de la disparition de l’aimé.
Il y a dans la notion de  » Réel  » quelque chose des gravats qui s’imposent au bâtisseur, un  » reste  » comme l’énonce Jacques Lacan qui a fait du  » Réel  » une catégorie à entendre dans son nouage, ou son défaut de nouage, avec le Symbolique et l’Imaginaire autour de l’objet.

Acte du colloques 2003 – 110 pages – 16€
Recueil « promess » 2004 – 98 pages – 20€

Le Réel est ce qui travaille le poète  » en sous-œuvre « , dans son appréhension muette et immédiate du monde, avant qu’un mot, une sonorité, un geste, ne surgisse pour faire enfin bord, margelle…
Ainsi, le psychanalyste qui voudrait faire l’économie d’en être traversé dans son écoute et dans sa pratique y perdrait toute présence, pour fonctionner comme technicien de la relation.
 » J’ai toujours dit que notre travail quotidien devait obéir à la logique poétique « , dit Jean Oury dans ses  » Conversations sur la folie  » avec Marie Depussé.

Le Réel confronte le sujet au hors-temps, parfois à l’exclusion sociale. Alors, s’impose à lui la nécessité de créer un espace pour ‘traduire’ plutôt qu’expliquer
Il ne s’agira donc pas, lors de ce colloque, de prétendre à une quelconque exhaustivité, mais de  » faire partage « .
C’est dire que ces journées ont pour ambition de laisser la parole se déployer à partir de la résonance que ce thème aura eue et aura pour chacun.


S. Molina . présidente du Point de Capiton.

Programme

Samedi 22 Novembre 2003  Ouverture
Jean-Michel Gremillet, Directeur du Théâtre de Cavaillon-scène nationale
Simone Molina : la Poésie, une margelle du Réel ?

Lectures par J.Cl Xuereb, J.L Giovannoni.

Simone Molina : Poésie et Réel : la Poésie, une margelle du réel ?   » Le Réel est ce qui travaille le poète ‘en sous-œuvre’, dans son appréhension muette et immédiate du monde, avant qu’un mot, une phrase, une sonorité, un geste, ne surgisse pour faire enfin margelle à ce  » Réel  » dans son irréductible ‘non-sens’. C’est dire que le psychanalyste qui voudrait faire l’économie d’en être traversé dans son écoute et dans sa pratique y perdrait toute présence, pour fonctionner, comme technicien de la relation, rallié au psychologisme explicatif « 

Michèle. Aquien : Poésie et réalité.
 » Baudelaire disait que le langage poétique ouvre à ce qu’il y a de plus réel, Saint John Perse y voyait le surréel, en opposition avec le langage de la communication, qui offre une illusion d’un rapport avec le réel. C’est que la réalité de l’homme est un réalité créée par et avec le langage et singulièrement le signifiant, et que le poète a avec le signifiant et le langage un lien fondé sur du savoir. Il est en quelque sorte maître du monde de signifiants qui lui a été apporté, et au fur et à mesure qu’il lui est apporté, et comme tel il informe le monde signifiant des autres hommes, à partir de son être propre. De plus, le langage poétique ouvre largement le champ des possibilités de la langue et permet donc une ouverture du sens vers de nouveaux aspects de la réalité qu’il découvre (invente au sens propre).

Jean-Louis Giovannoni, La distance d’une épaisseur
 » Il ne s’agit pas de se détacher du Réel, mais de créer une semelle de protection contre son insistance. L’appui poétique se fait par la partie interne. On touche le sol mais par la distance d’une épaisseur. « 

Michel. Fennetaux : Dire le corps malade, dire le Réel

 » Théâtre de l’Autre Scène « , Lectures.

Instants Poétiques de I. Mounier.

Jean-Pierre Raffaelli : Rendre la réalité à la réalité ?
« Déjà dans  » Equipée « ,Victor. Segalen se posait la question :  » l’imaginaire déchoit-il ou se renforce-t-il quand il se confronte au réel ? Le réel n’aurait-il point lui-même sa grande saveur et sa joie ? « . Plus prés de nous, le poète espagnol James Siles écrit : » Poétiser est un acte de réalité et de langage  »
Rendre la réalité à la Réalité : Faut-il choisir sous forme de réponse ? Plutôt rendre compte de ces quêtes ; les confronter comme un qui rêverait les yeux ouverts… »

 » Théâtre de l’Autre Scène « , Lectures.

Vincent. Mazeran : Corps et Ecriture.

Lectures :
Pascale Hassoun, extraits de  » portraits de sept femmes psychanalystes « ,
et autres auteurs.