Lettre/pétition adressée à Emmanuel Macron,
au Ministre de l’Éducation Nationale
et au Ministre des Solidarités et de la Santé
Monsieur le Président,
Nous nous sommes déjà adressés à vous durant les élections présidentielles et la lettre/pétition qui vous avait été adressée a recueilli plus de 6000 signatures de professionnels de la santé mentale. Elle a été soutenue par seize associations.
Nous vous écrivons aujourd’hui, à propos des enfants. Ils ne sont pas épargnés par les grandes transformations qui bouleversent la société. Il leur est imposé comme aux adultes un succès rapide, la compétitivité, la conformité à des normes qui ne sont pas de leur âge. Dans ces conditions nouvelles, peuvent-ils encore vivre leur enfance ? Il faudrait pourtant qu’ils aient ce temps s’ils veulent avoir une chance dans le monde professionnel. Les enfants qui ne sont pas conformes sont facilement aujourd’hui considérés comme des « déficitaires » avec des diagnostics médicaux souvent sans validité scientifique, en particulier celui du TDA/H.
Nous sommes alarmés par l’existence sur le site du Ministère de l’éducation nationale d’une plaquette destinée aux enseignants, leur indiquant comment établir ce « diagnostic », inexistant dans les classifications françaises. La plaquette du Ministère de l’Éducation nationale affirme sans preuve que le TDA/H est une « maladie neurologique ». Les enseignants sont sollicités pour des pré-diagnostics avec une grille de lecture détaillée. Les signes de dépistage indiqués pourraient intéresser presque tous les enfants, qui peuvent – à un moment ou à un autre – rencontrer des difficultés, alors que leurs parents s’inquiètent et cherchent une solution.
De nombreux experts internationaux ont montré que ce « diagnostic cible » d’hyperactivité TDA/H n’avait pas de validité scientifique. Il peut recouvrir aussi bien des problèmes graves (comme la psychose) que des difficultés passagères liées à des circonstances familiales ou à une inadaptation au système scolaire. Les symptômes ne sont pas spécifiques, sans marqueurs biologiques : aucune hypothèse neurobiologique n’a été validée. Pour ne citer qu’un avis, le Dr Eisenberg, inventeur du sigle TDA/H a déclaré avant son décès : « Le TDA/H est l’exemple même d’une maladie inventée ».
Ces trop nombreuses incertitudes scientifiques risquent d’entraîner une prescription inappropriée de médicaments : il s’agit le plus souvent de la Ritaline (Méthylphénidate). C’est une amphétamine, considérée en France comme un stupéfiant. Ce diagnostic entraîne déjà des prescriptions systématiques et à grande échelle, avec le risque d’un scandale sanitaire, semblable à celui du Mediator et du Levothyrox. Pour tenir compte de ces incertitudes, notre lettre demande :
1. Que la plaquette recommandant aux Enseignants d’orienter un diagnostic TDA/H soit retirée du site de l’Éducation Nationale.
2. Cette orientation vers un diagnostic médical à l’école entre dans un cadre plus général : nous demandons l’organisation d’une conférence pluridisciplinaire sur les difficultés de l’enfance, et cela avec la participation, d’experts reconnus dans le champ de la pédopsychiatrie.
Nous souhaitons qu’une telle conférence mette en question les méthodes comportementales de classement des enfants selon leur conduite. Ces méthodes les stigmatisent au lieu de les aider à résoudre leurs difficultés.
Monsieur le Président, ces deux demandes simples concernent des millions d’enfants, et nous espérons qu’une réponse positive leur sera apportée.
Recevez en attendant, Monsieur le Président, l’expression de notre haute considération.