En partenariat avec Le Point de Capiton et Ecrpf/inter-S-tisse,
Samedi 27 avril à 10h30 projection suivie d’une discussion avec Caroline Renard, Maître de conférences en études cinématographiques à l’Université d’Aix-Marseille et Simone Molina, Présidente du Point de Capiton. D’UNE LANGUE À L’AUTRE Nurith AVIV 2003 France 55mn VOSTF Du 27/04/19 au 27/04/19 Vous avez été nombreux à suivre l’étonnante trilogie de Nurith Aviv que nous avions débuté avec Traduire et Langue sacrée, langue parlée. Certains ont parlé de « génie », tant la réalisatrice aborde avec grâce un sujet pour le moins complexe. Le film débute sur l’image de deux palmiers à Tel-Aviv, la première ville hébraïque, où est née la réalisatrice à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. L’image suivante découvre un bord de mer puis un panoramique sur les maisons avant que n’apparaisse le titre en hébreu. Nurith Aviv dévoile alors son propre témoignage : « Quelle est ma langue maternelle ? Je ne sais. Est-ce la langue de la maison, la langue des premiers mots, ou l’autre langue, celle de la rue, de l’école, la langue que j’ai appris à lire et à écrire ? ». Pour illustrer son propre questionnement, elle a rencontré de nombreuses personnes avant de choisir ces neuf témoins en leur demandant de définir leur rapport à l’hébreu. Elle a choisi des poètes, des chanteurs, des écrivains. Leur enfance a été bercée par le russe, le hongrois, l’allemand, l’arabe ou le marocain, puis ils ont appris l’hébreu mais partagent tous la même douleur. Ils racontent la peur, parfois la violence dans le passage de la langue de l’enfance à cette langue de l’Israël. Le poète Meir Wieseltier dit même avoir « assassiné la langue russe » pour s’approprier l’hébreu, lui qui a toujours gardé en lui les rythmes de Pouchkine et Lermontov, « Mais qu’ils l’aient refoulée ou sciemment cultivée, leur langue maternelle plane toujours quelque part, et les individus se retrouvent tiraillés dans «le malaise de l’entre-deux-langues» comme le dit la poétesse Agi Mishol. Fertile sur le plan de la création littéraire, ce «désancrage» recèle aussi, et c’est ce qui en fait toute la richesse, l’idée très politique de porosité des cultures, d’ouverture à l’autre. » Isabelle Reigner du Monde