Dalila Azouani, Farida Benchaa, Jacques Broda
Esma El Amraoui, N’Goran Kouamé, Sonia Serra
Editions le Temps des Cerises et L.E.A
(Lire Ecrire Agir) 2001
Couverture : photographie de Jean-Pierre Vallorani
Nous nous sommes risqués à un Voyage au bout de la vie, de la misère, de la galère de la grande paupérisation qui frappe la ville de Marseille et dont nous voyons les effets dévastateurs sur le corps décharné de cet entant dénutri. Nous nous sommes risqués à écouter, entendre, dire, citer ses paroles anonymes et singulières et partout resurgit le cri de Fayçal : Donnez-moi de l’Espoir !
Nous avons touché le fond du désespoir et nous avons rebondi, nous sommes remontés à la surface, dignes, fragiles et déterminés.
Ma vie ne peut se raconter, les mots me manquent. Nous désirons avec vous, grâce à vous, mettre en partage et en circulation cette découverte terrible : au seuil du troisième millénaire nous assistons à une véritable mutation anthropologique qui remet en cause le développement du genre humain.
L’enfant du ghetto peut-être considéré comme le père de l’homme.
Au début était la parole, au centre
était l’écriture. Le » Dire pour Agir » du Secours Populaire et les
Cahiers de l’Espoir nous ont d’abord réunis, puis nous nous sommes
émancipés de l’Association et nous sommes associés à notre tour autour
d’un atelier de paroles où s’entrecroisaient dires et traces des dires
s’écrivant. Les paroles furent ressaisies, blanchies, aiguisées,
transcrites et traduites.
Un livre est né : ILS NAISSENT UN
COUTEAU AU CŒUR et des enfants meurent à petit feu chaque jour sous nos
yeux, comme une consumation. Le mourir à petit feu est devenu une façon
de vivre.
Le livre n’est pas que cela, nous nous sommes révélés à nous-mêmes, nous sommes devenus auteurs-compositeurs
d’une parole universelle. L’unisson de nos dires singuliers a fait
exploser les timidités, inhibitions, hontes qui nous collaient à la
peau, comme des écailles. De cette aventure nous sommes ressortis
grandis et de par le monde allons un livre aux lèvres :
» L’écriture m’a empêché de banaliser la
misère, j’ai découvert la possibilité de pouvoir écrire pour
transmettre ma révolte.. ».
Le retour à la vie se fit par l’écriture.